blockchain

Chacun de nous possède, dans sa boîte à outils, des trucs, des astuces, des malices pour atteindre un but sans forcément emprunter le toujours long et parfois coûteux cheminement classique.

Ainsi, moi, dans ma passion d’apprendre toujours, apprendre constamment et apprendre encore, néanmoins effaré par les béances affligeantes de mon maigre savoir, honteux qu’il soit aussi étique, je me suis appliqué à perfectionner sans cesse ma capacité d’autodidaxie. Je ne parle pas ici de vulgaires astuces mnémotechniques, mais bien de système complet et abouti, incluant une démarche convaincante.

Je suis resté bouche bée d’admiration lorsqu’un très proche m’a ‘’révélé’’ qu’apprendre consistait à ‘’accepter de prendre’’.

J’ai découvert, lors de ma scolarité que pour moi, le meilleur moyen d’apprendre était d’enseigner. Je dois à la vérité d’avouer que je n’ai jamais pris la peine de vérifier, à posteriori, les résultats de ma sapience, mais n’ayant point reçu de réclamation à ce jour, je pense que dans l’ensemble, ce n’est point pour mon enseignement que je puis être cloué à quelque pilori.

Adonc, très chers, après ce prudent et sincère aveu, j’en arrive à mon propos du jour :

Malgré la patience et la ténacité d’amis chers à mon cœur, experts en ces matières, je n’ai jamais réussi à comprendre ce qu’est la Blockchain ni ce que sont ses stolons, Bitcoin, Ethereum, Presscoin et bien d’autres.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous en parler doctement… pour l’apprendre, priant Dieu de reproduire le miracle tant de fois vécu de voir mon algébrique supercherie fonctionner. Mais n’attendez aucune formule savante et aucun algorithme démiurgique. Tout juste s’agira-t-il d’une initiation digne, au mieux, de la belle collection ‘’Pour Les Nuls’’ de l’éditeur John Wiley & Sons, Inc..

La Blochain pour les nuls

La Blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle… C’est un grand livre comptable public, anonyme et infalsifiable.

Etymologiquement, le mot Blockchain est composé des mots block qui signifie bloc et de chain qui signifie chaîne. Son exacte traduction en français est donc ‘’chaîne de blocs’’ et sa définition est :

‘’Mode d’enregistrement de données produites en continu, sous forme de blocs liés les uns aux autres dans l’ordre chronologique de leur validation, chacun des blocs et leur séquence étant protégés contre toute modification’’.

blocs chaine

Mais qu’est donc la Blockchain ?

C’est, comme dit précédemment, une technologie de stockage et de transmission d’informations. Cette technologie est transparente, infalsifiable et indépendante.

  • Transparente car chacun peut en consulter l’historique.
  • Infalsifiable car en cas de tentative de fraude la majorité des serveurs détecterait l’incohérence par rapport à l’historique du système et rapidement rejetée.
  • Indépendante puisque n’obéissant à aucun organe de contrôle.

C’est certainement pour le dernier point – l’indépendance par rapport aux ‘’tiers de confiance traditionnels’’ – qu’elle fait si peur aux Etats, à leurs gouvernements et aux intermédiaires agréés par eux : pour la monnaie, les banques.

Quelles sont les principales utilités de la Blockchain ?

  • Le transfert d’actifs :
    • La Blockchain constitue une solution infiniment moins coûteuse –quelques centimes par transaction- et infiniment plus rapide – quelques minutes- pour les transferts internationaux d’argent.
    • La Blockchain permet également le transfert d’autres actifs, actions, obligations, titres divers etc… dans les mêmes conditions de rapidité et d’économie.
    • La Blochchain rend rapide comme l’éclair le vote à distance, elle internationalise les enchères publiques et privées, les ventes de biens meubles et immeubles, comme les propriétés immobilières, les voitures et les objets de valeur.
    • La blockchain résout également d’autres problèmes comme la vente de billets de spectacles, d’acquittements de droits divers et de règlements instantanés de diverses factures.
  • La traçabilité et la certification
    • La Blockchain, compte tenu de son caractère inaltérable et transparent, est un outil parfait de traçabilité et de certification de tous les documents légaux de tous types.
  • Le smart-contract

C’est un ‘’ordre programmé’’ qui s’exécute automatiquement si les conditionnalités préétablies sont respectées. Il s’agit d’un outil extrêmement précieux et objectif qui rend possible la vente, la location et/ou le partage de n’importe quel objet sans intermédiaire.

De plus, il garantit une vitesse d’exécution accrue, une meilleure efficacité et la certitude que l’opération sera exécutée strictement comme prévu.

  1. L’OAD – Organisation Autonome Décentralisée (en anglais DAO : Decentralized Autonomus Organization).
    • L’OAD est une organisation incorruptible qui appartient aux personnes qui ont participé à sa création, à son financement et dont les règles sont publiques. Ainsi, nul besoin de faire confiance à qui que ce soit, tout étant consigné dans le code, auditable par chacun.
    • L’OAD apparait comme un formidable outil de gestion démocratique, claire et transparente de tout groupement devant sa création à la collecte de fonds privés.
    • L’OAD est considérée comme l’une des applications les plus prometteuses de la Blockchain.

Je pense que ce minimum minimorum est suffisant pour mener sa propre réflexion et prendre la mesure de la prodigieuse capacité d’innovation que permet le concept de  Blockchain.

le bitcoin

Tout en gardant à l’esprit qu’il ne s’agit que d’une application parmi des milliers d’autres possibles, allant de l’assurance, à la banque, en passant par l’énergie, la santé, le cadastre, la certification des produits de luxe, le cloud computing et ses capacités de stockage illimitées, etc., etc., approchons la plus connue de toutes : le Bitcoin qui est une crypto monnaie.

Qu’est-ce qu’une crypto monnaie ?

Le préfixe crypyo provient de la racine grecque kruptos qui signifie ‘’caché’’. Le cryptage est un procédé grâce auquel on rend la compréhension d’un document impossible à toute personne qui n’a pas la clé de (dé)chiffrement. Ce principe est généralement lié au principe d’accès conditionnel.

Une cryptomonnaie, dite aussi crypto-devise ou monnaie cryptographique, est une monnaie virtuelle utilisable sur un réseau informatique. Elle présente l’originalité d’intégrer l’utilisateur dans les processus d’émission et de règlement des transactions.

La crypto-monnaie Bitcoin a été créée en 2009 par celui ou ceux qui signe(nt) du nom de Satoshi Nakamoto, ‘’cousin’’ probable ou émule de Nicolas Bourbaki, et désigne à la fois une monnaie électronique et un système de paiement sécurisé et anonyme entre particuliers.

Le Bitcoin se veut monnaie universelle permettant de payer des biens dans le monde réel et échangeable contre des devises sans pour autant être adossée à aucune institution financière ou bancaire.

Pourquoi diable inventer une nouvelle monnaie ? Deux courants de pensées soutiennent la création de nouvelles monnaies, virtuelles ou non, qui ne soient pas soumises à la tutelle d’aucune banque centrale :

  1. D’un côté nous avons ‘’les libertaires’’ qui pensent que les interventions des organismes centraux sont la source de tous les maux de l’économie et notamment de la spirale inflationniste. La solution, pensent-ils, réside dans la libre compétition entre monnaies au sein d’un écosystème monétaire.
  2. De l’autre, nous avons ‘’les ennemis farouches du système financier actuel’’, écologistes et autres altermondialistes, qui fustigent les profits faramineux de quelques-uns au détriment de l’intérêt général. Se passer des services financiers des banques et se réapproprier le droit de créer de la monnaie sont leurs principales revendications.

Un bref rappel de la situation ante qua : Pour les besoins du commerce et le côté pratique des échanges de marchandises, au départ, on décida d’adosser la valeur de ces marchandises à des pièces de métal précieux, argent et or. Pour ne pas avoir à peser chaque fois ces pièces de métal, on prit l’habitude d’y frapper le poids. Puis, toujours dans la recherche de plus de pratique, on créa les billets qui eux n’ont jamais eu aucune valeur par eux-mêmes mais qui attestaient la réception des pièces de métal précieux. Il s’agissait en fait  de reçus. Ensuite, on se mit à rédiger ces billets à valeur et date de paiement spécifiques pour une opération donnée. Ce fut la naissance du billet à ordre et de la monnaie fiduciaire, à savoir une monnaie de confiance en l’établissement émetteur du billet. Ce droit de ‘’créer de la monnaie’’ a tour à tour été le privilège de seigneurs locaux, puis de rois, puis des états, avec plus ou moins d’objectivité, de sérieux et de réel désir de faciliter les échanges entre les humains.

Pour en revenir à notre sujet, ce privilège auto-décerné par les dirigeants et les états en irritent plus d’un qui essaient de revendiquer ce droit octroyé et de le confier à la société humaine, sur le principe d’une démocratie totale. Ce retour de la ‘’frappe de la monnaie’’ aux mains des citoyens est exactement ce que prétend être la crypto monnaie, dont le Bitcoin.

craig wright

Un entrepreneur australien du nom de Craig Wright a déclaré en 2016 que s’appuyant sur le concept et la technologie de la Blockchain, il a été « la cheville ouvrière » de la création du Bitcoin il y a sept ans. Son identité avait été percée à jour par des médias spécialisés alors qu’il opérait jusque-là sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto.

  1. Nous allons nous intéresser tout d’abord à l’usage du bitcoin par les particuliers.
  • Bitcoin est le moyen le plus simple d’échanger de l’argent à peu de frais.
  • Bitcoin vous permet de payer avec un téléphone portable en deux étapes simples. Il suffit d’afficher un code ou de mettre en contact deux téléphones.
  • Les transactions Bitcoin sont sécurisées. Personne ne peut ponctionner votre compte ou faire de paiement en votre nom. Tant que vous faites le nécessaire pour protéger votre portefeuille, Bitcoin peut vous donner le contrôle de votre argent et un haut niveau de protection.
  • Le réseau Bitcoin ne dort jamais. Il est aussi simple à utiliser que d’envoyer un mail.
  • Les bitcoins peuvent être transférés partout dans le monde en 10 minutes. Il n’y a aucune banque pour ralentir le processus, engloutir des frais exorbitants ou geler le transfert. Vous pouvez payer votre voisin de la même façon que vous pouvez payer quelqu’un à l’autre bout du monde.
  • Bitcoin permet d’envoyer et recevoir des paiements à très peu de frais.
  • Avec Bitcoin, il n’y a pas de numéro de carte de crédit qui peut être collectée afin d’usurper votre identité. En fait, il est même possible d’envoyer un paiement sans révéler votre identité, presque de la même façon qu’avec de l’argent liquide.
  1. Voyons maintenant les avantages de l’utilisation de Bitcoin par les entreprises
  • Bitcoin est un moyen très sécurisé et économique de traiter des paiements.
  • La haute sécurité cryptographique employée par Bitcoin lui permet de traiter des paiements de manière très efficace et économique. Vous pouvez émettre et recevoir des paiements avec le réseau Bitcoin presque sans aucun frais.
  • Les paiements avec Bitcoin –contrairement aux autres systèmes- sont irréversibles et sécurisés, ce qui signifie que les coûts de la fraude ne sont plus à la charge des commerçants.
  • Les bitcoins peuvent être transférés d’un point à l’autre de la terre en 10 minutes lorsque les systèmes classiques vous faire attendre pendant 3 jours ouvrables.
  • Accepter de nouvelles formes de paiements s’est souvent avéré bénéfique pour les commerces en ligne.
  • Bitcoin inclut également une fonctionnalité multi-signatures qui permet aux bitcoins d’être dépensés seulement si un sous-ensemble d’un groupe de personnes autorise la transaction. Cette facilité peut être utilisé afin d’éviter les dépenses sans consentement.
  • Beaucoup d’organisations doivent produire des documents comptables sur leur activité. Utiliser Bitcoin permet d’offrir le plus haut niveau de transparence puisque les membres peuvent vérifier toutes vos transactions. Les organisations sans but lucratif peuvent aussi permettre au public de visualiser quand, comment et combien elles reçoivent de dons.

3.   Enfin un mot sur l’utilisation de bitcoin pour les développeurs

  • Bitcoin peut propulser des systèmes novateurs, ou répondre aux besoins habituels.

penseur numérique

J’espère que ce ne fut pas trop indigeste. Je ne le pense pas. Tout ce que ci-dessus est vraiment le minimum à savoir pour saisir la portée de la Blockchain et de l’une de ses plus spectaculaires applications, le Bitcoin.

Maintenant, qu’en penser ?

Peut-on ne pas être d’accord avec Gilles Babinet et Clément Jeanneau qui affirment dans La Tribune datée du 05.02.2016, sous le titre ‘’ La Blockchain, une révolution qui va changer le monde » – https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/la-blockchain-une-revolution-qui-va-changer-le-monde-547576.html :

‘’Parler de révolution ne semble pas exagéré. La désintermédiation rendue possible par la Blockchain ouvre le champ à de multiples applications, capables de bouleverser le monde bancaire, mais également des domaines dépassant largement le secteur financier : les acteurs de la santé, de l’assurance, de l’immobilier, de l’éducation ou encore de la musique sont entre autres concernés, jusqu’aux gouvernements – pour les certificats officiels de toute sorte, ou pour la question du vote en ligne’’.

  • ‘’Associée à des ‘’smart contracts’’ –voir plus haut -, la Blockchain pourrait voir son potentiel se démultiplier, ce qui ouvrirait la voie à de nouvelles questions, notamment d’ordre juridique. Il est du reste essentiel, pour cette raison, de favoriser la transversalité des approches et de mêler des universitaires, économistes, juristes, sociologues et même philosophes aux côtés de profils plus techniques, dans la réflexion et la construction de projets Blockchain. L’important n’est cependant pas la Blockchain elle-même, mais ce qu’elle rend possible. Ce futur possible, c’est celui d’un monde plus horizontal.
  • La Blockchain s’inscrit dans une révolution plus profonde, une mutation anthropologique qui va au-delà de l’innovation technologique. Cette transformation rompt avec les logiques pyramidales à l’œuvre dans nos sociétés. Actuellement nos systèmes institutionnels s’opposent exactement à l’horizontalité.
  • La Blockchain, elle, favorise la logique de coopération au sein d’Organisations Collaboratives Décentralisées – DCO, selon l’acronyme anglais. C’est en cela que son irruption pourrait constituer une rupture de première grandeur dans le domaine de la communication
  • La Blockchain, en facilitant la création de confiance hors d’institutions traditionnelles (États, entreprises…) pourrait même changer la nature de l’organisation de nos sociétés.
  • Mais soyons vigilants : n’oublions pas les déceptions provoquées par Internet : On nous promettait une déconcentration du pouvoir, mais on a également vu l’apparition de nouveaux ‘’barbares’’ hautement capitalistes : Uber, Airbnb et autres Amazon et de nombreux autres, lesquels n’ont vraiment rien à envier aux prédateurs capitalistes qu’ils sont censés remplacer avantageusement !
  • Or, même si les prédictions dans l’univers technologique sont à haut risque, il existe une probabilité non nulle qu’émerge une nouvelle forme d’économie, une nouvelle forme d’organisation sociale, une troisième voie. Tout reste à construire. C’est en cela, aussi, que la révolution Blockchain est si excitante.’’

Quant aux crypto-monnaies, leur premier effet est de rendre folles de rage les organisations étatiques traditionnelles qui voient en elles une lourde menace planer sur leur plus important privilège : la création de la monnaie.

tableau synthétique

Plusieurs Etats, en fait la quasi-totalité, ont pris des mesures allant de la menace à l’interdiction, de la naïveté à l’injustice : Pêle-mêle, la lourde taxation des profits réalisés, l’interdiction de s’en servir en dehors de cadres très contraignants, le devoir de comptabiliser officiellement les gains, mais l’interdiction de comptabiliser les pertes, l’interdiction de lever des fonds en crypto monnaie, etc.

Mais parallèlement, plusieurs de ces Etats, craignant de perdre le train du futur, s’y mettent et ils sont de plus en plus nombreux à le faire. Cela donne : Litcoin, etc. Pays de l’Est, pays d’Amérique Centrale, pays d’Amérique du Sud… Un peu partout, tout comme les particuliers, les Etats ‘’tentent leurs chances’’ à ce nouveau jeu spéculatif.

Je partage pour conclure, cet avis de l’économiste Alexander Lipton sur ce formidable progrès technologique, qui semble être un tout aussi formidable outil de mise en œuvre d’une démocratie réelle :

‘’Malgré les Cassandre et leurs prédictions alarmistes, la technologie Blockchain va révolutionner l’industrie financière dès lors qu’un cadre juridique contraignant sera créé et mis en œuvre. Dans cette mesure, le développement du Bitcoin est un jalon important dans la numérisation continue, qui ne pourra plus être stoppée.’’

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