Quel est l’outil de la recherche philosophale de l’amour ? L’œil qui juge l’apparence et spécule ainsi sur les capacités d’une personne à pouvoir nous servir d’échelle pour le Nirvana ? Le palais ou nous aimerions bien recevoir et traiter les jouvencelles ou jouvenceaux de notre goût ? Le derme dont nous voudrions frotter les vivantes sculptures que nous apprécions ? La trompe d’Eustache ou nous nous délecterions d’accueillir paroles et mélopées harmonieuses émises par le doux objet de notre flamme ? L’outil de l’amour est-il une pierre, une poudre, un feu, un élixir ou une incantation ? Serait-ce la vue, le goût, le toucher ou l’ouïe ? Rien de tout cela !

 

L’outil de l’amour, c’est l’odorat ! Penser que dans le cœur siège l’amour est une ânerie. La brave pompe pas très au point qu’est notre myocarde est bien trop bête pour cela. Certes son rythme s’emballe lorsque nous aimons mais n’oublions pas que c’est ce qu’il fait également lorsque nous avons peur…

 

Je ne vous ferai pas mariner davantage et vous révèle tout de go que l’outil–roi de l’amour c’est … le nez. Lorsqu’on recherche l’amour, on renifle, on piste. Nous ne sommes guère différents de ces chiens et ces cochons qui labourent les abords des troncs de châtaigniers à la recherche d’une bonne truffe … Ne parlons même pas, par décence, de la méthode canine de sélection d’une femelle aux fins d’accouplement ! Apprenons toutefois aux pauvres citadins qui croient que les chevaux ne sont que la puissance fiscale de leur bagnole, que lorsqu’on sollicite un étalon pour une jument, on lui  présente, imbibée dans un torchon, la carte de visite olfactive de la belle. Et là, ou il réagit et tout va bien, ou il ne réagit pas et il faut trouver un autre cheval … servant, qui soit plus inspiré par les signes héraldiques de la pouliche d’or. A quoi ces super-mâles reconnaissent-ils la partenaire de qualité qui leur donnera le futur champion du Prix de l’Arc de Triomphe ? A l’odeur, bien sûr ! Je vois de petits yeux malicieux s’allumer…  Et encore là, le cœur du mécanisme olfactif est une glande :

 

L’organe voméronasal (OVN) est situé à la base de notre nez. C’est le centre de réception, de tri et de réacheminement des messages olfactifs qui nous parviennent sous forme de molécules odorantes. Pour faire ce travail de PT&T et envoyer les signaux vers les centres de distribution,  nous disposons d’un corps de neurones olfactifs, fort de 25.10agents qui vivent en moyenne de 5 à 7 semaines. La brièveté de ce temps en dit long sur la fugacité des amours humaines.

 

Lorsque nous nous présentons à cette poste, nous devons bien sûr prouver notre identité et là aussi, ce ne sont ni nos beaux yeux, ni notre douce langue, ni notre peau de satin ni notre oreille délicate qui prouvent cette identité mais … notre odeur, laquelle résulte de la collaboration des meilleurs faiseurs de la place : les aisselles, la poitrine et l’aire génitale. Je suis mort de rire en pensant à ceux et surtout celles qui ce soir vont s’arracher le délicat épiderme de ces joyeuses contrées à force de s’astiquer pour détruire leur carte de visite. Je leur dis en toute amitié et à regret que c’est peine perdue. Premièrement, les ‘’odeurs’’ dont nous parlons ici sont ‘’inodores’’ et deuxièmement, le degré de syntonisation de ces productions est tellement subtil qu’ils / elles ne parviendront jamais à brouiller la piste qui mène à eux / elles. Je vais préciser tout de même que les femmes sont mieux équipées que les messieurs pour lire ces cartes de visite. Ce que l’on ne sait pas, c’est que dans le cas d’un coup de foudre, le premier à le recevoir est toujours la femme, malgré les airs de pas en avoir l’air !

 

Je peux dire d’expérience que cette remarque est vraie, même si l’on n’en recueille l’aveu que bien plus tard, lorsque du coup, il ne reste que les cendres de la foudre ! Par ailleurs la démonstration a été faite scientifiquement que les femmes reconnaissent à l’odeur les hommes les plus à même de les rendre heureuses. Et cette odeur secrète est un mélange de celle de leur père et de la leur !… Bon, suffit de divaguer, voyons voir cela dans l’ordre et par le menu :

 

Anthropologie

 

La différenciation des genres. Dans une relation amoureuse – sexuelle plus précisément, il est démontré que ce sont les odeurs qui permettent de différencier les sexes tout d’abord et d’éviter la consanguinité ensuite. Nous possédons des dispositifs qui permettent de ne pas nous tromper et d’aller vers les personnes différentes de nous et même les plus différentes possibles, comme si la nature avait pour souci le plus grand brassage possible de gènes. Elle prouve là, donc, qu’elle est franchement plus intelligente que les tenants des théories iniques, stupides, fausses, génocidaires et suicidaires qui prônent le racisme. Et ce n’est pas un hasard si les grands brassages donnent des enfants magnifiques. Merci mes aïeux des quatre points cardinaux !

 

La similitude des genres. De même, la science, cette dame sans pitié, a réussi à élaborer un moyen très simple de détecter l’homosexualité : on compare l’activité du cerveau d’hommes homosexuels avec ceux d’hommes et de femmes hétérosexuels lorsque les sujets sont en présence d’une des phéromones présentes dans la transpiration masculine. On observe que l’hypothalamus du cerveau des femmes hétérosexuelles et des hommes homosexuels réagit de la même façon à cette phéromone. Inversement, les phéromones féminines n’activent que l’hypothalamus des hommes hétérosexuels et des femmes homosexuelles ! Si c’est pas une preuve !

 

Chimie

 

Retournons au dernier point de la semaine passée : l’odeur des seins de la maman qui détermine à plus de 50% toute notre vie affective ! J’avais donné ma bibliographie et je vais donc m’éloigner de la rigueur scientifique pour dire que notre petit Cupidon Interne, cet angelot ailé qui ne sait que décocher des flèches et caresser des seins dénudés pour nous réduire à son pouvoir souvent inconfortable, dispose d’une mallette de chimiste dans laquelle on trouve des fioles remplies de produits aux noms dénués de toute poésie puisqu’ils n’ont d’identité que chimique. Ecoutez plutôt l’histoire de trois, seulement trois, des piliers de l’amour !

 

Le coup de foudre n’est qu’une galéjade ! Il ne s’agit que d’une montée d’euphorie, due à la phényléthylamine, amphétamine fabriquée par notre encéphale et que l’on retrouve dans … le chocolat. Elle apporte l’énergie, l’allégresse, l’envie, l’enthousiasme et même l’exaltation lorsqu’affinité ! Mais par définition, cette grande excitation du coup de foudre … ne dure pas. Exactement comme on prend du chocolat pour calmer sa faim et l’on n’obtient en fait que … quelques kilogrammes supplémentaires.  

 

L’amour durable, vous y croyez, vous ? Etes-vous naïves et naïfs à ce point pour croire à l’attachement sans faille ? Baliverne, mes amis, baliverne, vous dis-je ! Ce sont en fait Trois Grâces échappées de la mallette plus haute citée, répondant aux doux noms dedopamine, vasopressine et ocytocine qui, dans l’alcôve de nos sentiments, ordonnent et régissent l’émotion. Ce cocktail est de haute qualité car la plage de ses effets est très large et il est sollicité par un simple câlin, une pensée, une œillade, le son de la voix de l’aimé(e). Regardez comme il est puissant : c’est lui qui, pour aplatir ses fins de 9 mois, provoque … les contractions de l’accouchement ! Quel rapport avec l’amour ? La libération ? Peut-être ! Ah la nature ! Quelle sorcière !

 

La fidélitéest, elle, non pas relié à un produit chimique, mais à un mode opératoire que pour ne pas alourdir cet exposé, l’on nommera de son nom populaire en nos contrées de l’Effet Coolidge et que je m’en vais de ce pas vous exposer sous une forme complètement fausse mais qui regroupe les diverses versions qui en existent de par le monde, ce qui en prouve bien la solidité scientifique : Monsieur et Madame Coolidge, vont au marché hebdomadaire de leur village pour faire leurs emplettes. Madame Coolidge est un peu une oie blanche, pas très fute-fute ! Passant devant l’enclos des bovins proposés à la vente, elle voit et tombe en arrêt admiratif devant un magnifique taureau d’origine ibère, répondant au doux nom de  »El Bravo » – le sauvage – qui honore une grosse vache ! Après avoir recueilli les vivats et les ollé d’usage, il fait un p’tit tour de coquèterie et remet le couvert avec une vache efflanquée à laquelle il manque de briser les reins. A nouveau, fier de sa prestation, il revient les quatre fers à terre, fait quelques pas et zyeute en se pourléchant l’anneau nasal une jeune vachette bêcheuse qui se demandait en silence quand donc arriverait son tour, histoire de perdre son vilain acné juvénile. Madame Coolidge est toujours là, à écarquiller les yeux d’admiration. Elle appelle enfin Monsieur Coolidge qui était occupé à de vraies affaires, et lui dit à l’oreille : ‘’Tu te rends compte, en 10 minutes il a pris trois vaches. Et pourquoi toi …etc.’’ Alors lui, sans hésitation, répond à sa vachette perso : ‘’Ce n’est pas une question de taureau, ma grande, mais de renouvellement du cheptel ! ‘’. Elle se tut à jamais.

 

Ce principe, évoqué parfois abusivement par tous les hommes de la terre, prouve que l’homme, le pauvre mâle humain, porte une croix bien lourde : la condamnation à la fidélité, état qui est, pense-t-il, absolument inique, castrateur, injuste et inhibant ! Convention sociale ridicule et atterrante de bêtise qui eut quelque justification dans le passé mais qui ne peut que révolter aujourd’hui tout esprit sain ! Est-ce vraiment de sa faute, le pauvre, si ses produits chimiques ont besoin d’être aérés souvent sous peine de sentir le renfermé ou la naphtaline et développer des moisissures ? Que peut apporter la fidélité imposée, en dehors de la monotonie, synonyme ajoute-t-il perfidement, de la monogamie, tant chantée et si peu pratiquée ? Ainsi pensent les adeptes de Zarathoustra et les autres ! Mais quel est le rapport avec nos olfactions, nos odeurs, nos phéromones et notre libido ? Et bien le rapport est évident : les hommes fidèles sont ceux qui n’ont pas honte de se pincer le nez d’une pince à linge pour oblitérer les effets désastreux et libidineux de l’air parfumé, car sinon, comment échapper au diktat des effluves ardents qui chatouillent nos narines et nous font des guili-guili partout ?

 

Je ne vais pas plus loin, mais il y a mille autres choses à dire que nous pourrions dire sur le mode de l’échange. A vous de voir ! 

mo’