Grandioses grecs qui confièrent à un poète, Hésiode, le soin de raconter la vie de leurs dieux et d’établir leur morale et à un autre poète, Homère, le chant de leurs gestes et de leurs épopées. Homme de réflexion encore plus que d’inspiration, Hésiode est  ‘’le récitant’’ de cette riche mythologie, ou des dieux anthropomorphes personnifient toutes les forces de l’univers.

Le monde de la mythologie grecque est complexe et cette complexité est due à la multiplicité des diverses influences à partir desquelles furent forgés les récits des plus grands poètes tout autant que ceux des aèdes et autres ’’troubadours’’ avant l’heure. Les récits mythologiques sont toujours des déformations de faits historiques réels. Les très nombreuses recherches archéologiques ont voulu conforter et affiner cette approche. La non concordance des temps divin et humain s’explique par la nécessité de synthétiser et simplifier les événements décrits.

Grace à son foisonnement, sa richesse, sa variété et ses nuances infinies,  la mythologie grecque a été choisie comme champ d’expression, par les arts et même certaines sciences, dont la psychanalyse. Cette dernière y puise les archétypes qui lui permettent de caractériser les déviances, les tendances et les faiblesses humaines qu’elle prétend étudier.

Tous les enfants du monde vouent un amour immense à leur mère. La psychanalyse affirme que c’est parce qu’elle leur procure un plaisir physique énorme en les nourrissant (la tétée) et en les soignant (le bain etc.).

Cette liaison est un amour parfait, entier, riche, plein, sans partage jusqu’à l’âge de 3 ans. Et là, Ô déception, les enfants s’aperçoivent que leur grand amour, leur maman, les trompe avec leur papa et qu’eux, ils sont exclus de cette relation parallèle.

Le petit garçon entre alors en conflit avec son père et cherche à l’exclure, notamment en allant de par le monde, exhibant fièrement et à tout bout de champ ses ’’saints sacrements’’ pour affirmer sa prétention à la chefferie du groupe ou ne peuvent cohabiter deux chefs. Généralement, le papa va alors signifier clairement au petit garçon que cet exhibitionnisme ne saurait être accepté. Alors, de peur d’être castré, le petit garçon va cesser son jeu malsain et rentrer dans le rang, c’est-à-dire dans la sphère d’autorité du papa.

Toujours dans la mythologie grecque, Electre était la fille d’Agamemnon, roi de Mycènes, et de son épouse la reine Clytemnestre. A son retour de la Guerre de Troie, Agamemnon fut assassiné par Clytemnestre et son amant Égisthe.

Dans sa vingtième année, Oreste, fils d’Agamemnon et de Clytemnestre et frère d’Electre reçoit l’ordre de l’oracle de Delphes de venger la mort de son père en tuant sa propre mère et son amant.

Le frère et la sœur préparent ensemble le matricide et commettent leur forfait. Après leur crime, le frère, Oreste, perd la raison, mais Electre poursuit sa vie,  sans  problème…

L’interprétation psychanalytique : la petite fille est, comme son frère et pour les mêmes motifs, amoureuse de sa maman ! Mais évidemment, n’étant pas équipée physiquement comme le petit garçon, elle met en œuvre une spécialité féminine puisqu’elle ne peut rivaliser avec son papa. Son stratagème  s’articule autour de 3 axes :

Rejet pur et simple de la sexualité ;
Rejet de la castration et donc de son destin de future femme ;
Choix du père comme objet.

Le plus généralement, elle entreprend donc de séduire son père, mais juste dans le but de pallier à son manque de pénis. Au fil du temps, elle entrera en rivalité avec sa mère qui s’opposera parfois violemment à cette relation père/fille, qui provoque chez elle, la mère, la conscience de l’éphémère et du temps qui passe !

Le sacrifice de son fils, événement fondateur dans l’histoire d’Abraham – Ibrahim, constitue un épisode essentiel pour les trois religions révélées : c’est l’acte de foi parfait demandé par Dieu à Abraham (dans la compréhension classique, par ailleurs très largement contestée) qui lui vaut dans la Bible d’être dépositaire de l’Alliance entre l’homme et Dieu, et dans le Coran d’être le premier des musulmans, le modèle parfait du vrai croyant, « celui qui se soumet », qui « s’abandonne » à Dieu, « el Mouslim » .

C’est une histoire d’une extrême complication et les récits qui la rapportent le sont également, bourrés de paradoxes apparents et ce n’est pas un hasard si les 3 religions l’interprètent avec de grandes différences, l’une par rapport à l’autre.

Au plan de la vie collective, le complexe d’Abraham n’est pas moins lourd et pour beaucoup, bien plus juste. Il révèle ‘’l’égoïsme sordide des adultes’’, détenteurs du pouvoir, disposés à sacrifier les plus jeunes d’entre eux en les envoyant à la guerre, parfaitement conscients que beaucoup n’en reviendront pas.

De quel genre serait l’humour qui ferait dire que le Complexe d’Abraham est la suite logique du Complexe d’Oedipe, la vengeance des adultes, établis et dirigeants,  contre les jeunes, nouveaux arrivants prêts à leur prendre leur pouvoir et leurs femmes ?

N’est-ce pas à Ismaël et/ou à Isaac que s’adresse Freud plusieurs siècles plus tard lorsqu’il met en garde tout entrant dans la vie contre  ’’la menace de castration par l’autorité, le savoir, la loi, … le père’’, arrivant à d’innombrables reprises à suggérer de se libérer de ce père en le ’’tuant’’ !

Tuer son Père est une phrase proposée comme démarche pour atteindre l’âge adulte, par une rupture avec l’autorité, la loi et le règlement édictés et représentés par le père. En clair, elle signifie  »se débarrasser de ce qui a été appris des ascendants, et se reconstruire selon ses propres choix ».

Denys le Tyran, souverain de Syracuse, vivait dans un palais entouré d’une fosse de sécurité, surveillé par une garde pléthorique. Il traduisait sans cesse son inquiétude par de nouvelles dispositions sécuritaires – dont une kyrielle de courtisans chargés de le flatter, de l’admirer et de le rassurer en permanence.

Parmi eux, un orfèvre de grand talent, Damoclès, qui ne cessait de dire au tyran qu’il avait une chance inouïe d’être le maître de Syracuse. Agacé par ce propos maladroit et incessant, ressemblant à une jalousie  sans nuance, Denys lui proposa de prendre sa place pendant une année. Ainsi fut fait mais au cours d’un festin, Damoclès leva la tête et vit, juste au dessus, une épée suspendue au plafond et qui n’était retenue que par un crin de cheval.

On parle donc d’épée de Damoclès pour décrire une menace permanente engendrant une situation pleine d’inconfort de danger et d’incertitude.

Caïn est le fils aîné d’Adam et Eve, Abel le second, Seth le troisième…Caïn cultive la terre, Abel garde le troupeau. Caïn est jaloux de l’amour que Dieu porte à son frère préfèrant comme offrande, l’agneau aux fruits et légumes. Un jour Caïn excédé, se jette sur son frère et le tue.

Une ancienne légende grecque rapporte que Zeus, profitant de l’absence d’Amphitryon, éloigné ,dans une  guerre, se substitua à lui dans le lit de son épouse pour la féconder. C’est ainsi qu’Alcmène, grâce à cet emprunt d’identité, donna naissance à un héros (fils d’un dieu et d’une mortelle) qui devint fameux par ses exploits : Héraclès (Hercule chez les Romains).

Cet épisode mythologique ne retiendrait guère l’attention s’il n’avait suscité depuis 2 500 ans des réécritures innombrables, qui ont fait du mythe d’Amphitryon un mythe littéraire autonome qui continue à inspirer les écrivains : le mythe du double !

L’extraordinaire succès de ce mythe, à la scène essentiellement, tient peut-être au fait qu’il a été très tôt tiré du côté d’un questionnement de l’identité. Qu’est-ce qui fonde l’identité d’un homme ? Qu’est-ce qui fait qu’on le reconnaît ou le méconnaît, qu’il existe ou cesse d’exister ? La situation créée par l’irruption d’un faux mais divin Amphitryon dans un couple, est propice à tous les quiproquos, comiques et tragiques.

 Chez les Romains, Diane (appelée également Artémis ou Hécate chez les Grecs), déesse chasseresse, symbolisait la chasteté et la lumière lunaire. Elle vint au monde quelques instants avant son frère. Témoin des douleurs maternelles, elle conçut une telle aversion pour le mariage, qu’elle demanda et obtint de son père, Jupiter pour les Romains, Zeus pour les Grecs, la grâce de garder une virginité perpétuelle. Il l’arma lui-même d’un arc et de flèches, et la fit reine des bois.

Quand son frère, Apollon (le Soleil) disparaît à l’horizon, Diane (la Lune) resplendit dans les Cieux et répand discrètement sa lumière dans les profondeurs mystérieuses de la Nuit. Ces deux divinités ont des fonctions non identiques, mais semblables : alternativement, elles éclairent le monde ; de là leur caractère de fraternité. Apollon est célébré de préférence par les jeunes garçons ; Diane, plutôt par les chœurs de jeunes filles.

C’est une vierge très belle, mais sauvage, sévère, implacable et cruelle.

 

 à suivre

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